Bassin de rétention des eaux pluviales
© OIEau, 2018 - CC BY 3.0 FR
Prévenir le risque d’inondation et de submersion marine
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Favoriser l’infiltration et la rétention de l’eau
Le principal levier d’action pour limiter la fréquence et l’intensité des aléas à l’origine des inondations est la réduction du phénomène de ruissellement. Pour cela, il s’agit essentiellement de limiter les surfaces imperméables dans le bassin, et même de procéder à une désimperméabilisation lorsque cela est possible.
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Bassin de rétention des eaux pluviales
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Toit végétalisé
© OIEau, 2018 - CC BY 3.0 FR
Désimperméabiliser les villes
Dans les zones urbaines, la désimperméabilisation des sols permet de réduire les volumes d’eau pluviale grâce à l’infiltration de l’eau. Le plus faible ruissellement par temps de pluie réduit le risque d’inondation. La désimperméabilisation a d’autres intérêts : lutte contre l’érosion, préservation de la qualité de l’eau, accueille de la nature en ville, etc.
La désimperméabilisation des zones artificielles peut se faire de nombreuses manières : utilisation de revêtements infiltrant pour les parkings, installation de toitures végétalisées, fossés ou noues enherbées pour infiltrer les eaux pluviales, création de jardins de pluies, etc.
Il est aussi possible d’agir sur d’autres étapes du cycle de l’eau dans le bassin versant, qui permettent de ralentir le trajet de l’eau : préserver les champs d’expansion des crues des cours d’eau, maintenir les zones humides, ou limiter les surfaces sans végétation en hiver, par exemple.
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Informer sur le risque d’inondation
Avoir conscience de l’existence d’un risque est essentiel pour pouvoir se préparer à réagir. Pour cela, il est indispensable de rappeler à la population que le risque d’inondation existe, et qu’il ne doit pas être oublié parce qu’il ne peut pas être écarté. C’est ce qui explique par exemple que l’entretien des repères de crues soit une obligation pour les communes depuis 2003.
L’information du citoyen passe par une délimitation des zones concernées. Différents documents d’information sont à sa disposition dans ce but : DDRM (dossier départemental des risques majeurs) élaboré par la préfecture, DICRIM (document d’information communale sur les risques majeurs) établi par la mairie, portail sur la prévention des risques majeurs du ministère de l’environnement.
Par ailleurs, le Code de l’environnement prévoit l’information des acquéreurs et locataires (IAL) de biens immobiliers sur les risques qui les concernent. Les territoires sur lesquels le risque inondation est particulièrement élevé sont identifiés en tant que TRI (territoires à risque important d’inondation), au nombre de 122 en métropole et en outre-mer (d’après Ministère en charge de l’environnement). Dans ces territoires, des diagnostics permettent de connaître précisément les surfaces inondables et les risques d’inondations.
En France, en 2020, on dénombre 131 territoires à risque important d'inondation (TRI).
Ces territoires à risque d’inondation important font l’objet d’un diagnostic approfondi du risque. Une cartographie des risques est ainsi réalisée sur chaque TRI et arrêté par le préfet coordonnateur de bassin. Cette cartographie constitue une étape majeure dans la connaissance des spécificités du territoire, des aléas auxquels il peut être soumis et dans la localisation des enjeux en rapport avec ces événements. Le but est de mieux connaître la vulnérabilité du territoire pour savoir quels sont les outils de gestion à privilégier. Cette cartographie donne un premier accès à l’analyse des vulnérabilités et du fonctionnement socio-économique de la zone : exposition des établissements sensibles (hôpitaux, écoles, entreprises Seveso), emplacements stratégiques des réseaux routiers, sensibilité des réseaux d’énergie, d’eau potable ou d’assainissement...
Les atlas des zones inondables (AZI), élaborés par les directions départementales des territoires (DDT) dans chaque département, sont des outils cartographiques de connaissance des phénomènes d’inondations susceptibles de se produire par débordement des cours d’eau. Ils sont construits à partir d’études hydrogéomorphologiques à l’échelle des bassins hydrographiques et sont rattachés au volet « gestion des risques » des SDAGE élaborés par les comités de bassin (en savoir plus sur les SDAGE).
Le site Géorisques du Ministère en charge de l’écologie permet d’accéder aux atlas des zones inondables les plus récents.
Pour aller plus loin
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Préparer la gestion de crise
La préparation de la gestion de crise implique de mettre en place une coopération efficace des moyens de secours. C’est notamment l’objet du plan communal de sauvegarde, élaboré par la mairie. Il détermine à l’avance les mesures à prendre en cas d’inondation, prévoit les modalités d’alerte et d’information de la population, recense les moyens à disposition et liste des mesures de prise en charge de la population sinistrée.
L’information de la population vise aussi à expliquer les comportements à adopter avant, pendant et après une inondation. Chacun doit s’informer sur l’attitude à avoir en cas d’inondation : réduire les risques de pollution de l’eau en stockant les médicaments et les produits d’entretien par exemple, éviter les dommages aux réseaux - eau potable, gaz, électricité- notamment en sachant les couper lorsque cela est nécessaire. Pendant l’inondation, il est fondamental de limiter les déplacements, et de rester en sécurité en l’attente des secours. S’informer permet de rester attentif aux informations des pouvoirs publics et des secours : Météo France, Vigicrues, radio, télévision, réseaux sociaux officiels.
Savoir gérer l’après inondation
Une fois l’inondation terminée, de nombreuses précautions doivent être prises. L’absence de contamination des réseaux de distribution d’eau potable doit être vérifiée pour éviter tout risque sanitaire. Par ailleurs, les bâtiments - et notamment les logements - ne sont plus sains. Ils doivent être nettoyés, désinfectés et séchés pour éviter le développement de moisissures, et pour garantir leur solidité. Les installations de gaz, chauffage et électricités peuvent être endommagées, et doivent être contrôlées avant leur remise en route.
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Assurer un suivi de la situation hydrologique et météorologique
En France métropolitaine, la prévision des crues permet d’évaluer le risque d’inondation par débordement de cours d’eau sous 24h. Elle est réalisée par le réseau Vigicrues, qui associe plusieurs acteurs nationaux, régionaux et départementaux sous le pilotage du SCHAPI (service central d’hydrométéorologie et d’appui à la prévision des inondations). Les prévisions sont réalisées à partir des données de débits ou de hauteur d’eau des cours d’eau (en savoir plus sur les débits des cours d’eau) et des données météorologiques (en savoir plus sur les précipitations).
Le niveau de risque est précisé selon 4 catégories de risque, allant de l’absence de vigilance (niveau vert) au niveau de vigilance absolue (rouge). Les prévisions permettent au pouvoirs publics et aux populations d’anticiper le risque d’inondations au moins 24h à l’avance.
Le site Vigicrues permet d’accéder aux prévisions des risques de crues des rivières et des fleuves de métropole.
Visualisez les données des stations de jaugeage près de chez vous.
Pour les autres types d’inondation - en particulier les submersions marines et les inondations par ruissellement - la vigilance météorologique fournit des informations 24h à l’avance.
En cohérence avec Vigicrues, le niveau de vigilance y est présenté selon 4 catégories.
Le site Vigilance Météo diffuse les informations sur les phénomènes météorologiques dangereux tous les jours.
Accédez aux informations du jour.
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Protéger les populations et les activités
La réduction de l’aléa inondation et submersion peut se faire à l’aide d’ouvrages de défense. C’est le rôle des digues et des jetées, qui ont pour objectif de mettre hors d’eau des zones qui seraient inondables. Toutefois, ces solutions doivent être mises en œuvre avec prudence : les infrastructures nécessitent un entretien rigoureux pour éviter toute rupture (risque de sur-inondation), et elles peuvent accentuer les inondations en aval si elles sont conçues de manière inadaptée.
L’autre axe de réduction du risque est de limiter les enjeux, c’est-à-dire la présence de biens et de personnes dans les zones inondables : ne pas implanter d’infrastructures nouvelles dans ces zones, adapter ou déplacer les infrastructures déjà construites. C’est notamment l’objet des plans de prévention des risques naturels prévisibles (PPRN) élaborés par la DDT. Ils définissent les règles d’urbanismes à intégrer au PLU pour réduire l’exposition des populations : zones où les constructions sont interdites, règles imposées aux nouvelles constructions, mesures d’adaptation des constructions existantes, etc.
Le phénomène d’inondation étant fortement lié au cycle de l’eau dans le bassin versant (unité spatiale cohérente pour l’étude des phénomènes hydrologiques), il est aussi nécessaire de prendre en compte les aléas et les enjeux à cette échelle. Pour cela, la directive européenne 2007/60/CE, dite « directive inondation », a instauré l’élaboration de plan de gestion du risque inondation (PGRI) dans chaque grand bassin versant (district hydrographique). Le PGRI est un outil stratégique qui identifie les priorités en matière de gestion du risque. Pour garantir une cohérence avec la politique de l’eau, les PGRI s’articulent avec les SDAGE (en savoir plus sur les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux).
Dans les TRI (territoires à risque important d’inondation), le PGRI est décliné en stratégie locale de gestion des risques d’inondation (SLGRI) pour s'adapter plus précisément aux particularités locales. Elle permet de mettre en place des plans d’actions de prévention des inondations. Ils prévoient, par exemple, des mesures de maîtrise de l’urbanisation et des mesures de réduction de la vulnérabilité des activités économiques et du bâti.