Érosion de la côte sableuse, Golfe normand-breton
© Olivier Abellard / Office français de la biodiversité
Les impacts de l’érosion
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Des altérations hydromorphologiques des milieux aquatiques
L’érosion des berges ou du lit d’un milieu est une réponse aux modifications de son hydrologie ou de sa morphologie. En partie naturelle, elle peut aussi être la conséquence de travaux ou d’aménagements qui perturbent la stabilité du milieu. Dans ce cas, elle peut même altérer son fonctionnement naturel.
Par exemple, l’extraction de granulats dans le lit d’une rivière crée une zone de plus grande profondeur. En réponse, l’érosion est susceptible de provoquer un creusement du lit en amont et en aval de la zone d’extraction ; la rivière s’enfonce alors dans sa vallée : on parle d’une “incision” du lit de la rivière. Ce type de phénomène a de multiples conséquences pour le milieu et sa biodiversité. Il peut par exemple entraîner des pertes d’habitats ou provoquer la déconnexion de milieux entre eux suite à l’abaissement de la nappe.
L'incision du lit d’un cours d’eau
© Office français de la biodiversité / Réalisation Matthieu Nivesse (d'après OIEau), 2018 - LO-OL
L’érosion des milieux peut menacer la sécurité des personnes et des infrastructures. Par exemple, lors de la construction d’un barrage, l’érosion est l’un des phénomènes à prendre en compte pour éviter tout risque de rupture du barrage au long terme. Les bâtiments construits directement sur la rive d’une rivière peuvent subir des dommages si celle-ci recule. La stabilité des ouvrages de franchissement - les ponts - peut aussi être menacée en cas d’incision du cours d’eau.
Les dégradations morphologiques qui font suite à l’érosion des berges et du lit des cours d’eau peuvent en outre empêcher l’accès à l’eau ou modifier le fonctionnement des milieux, avec des conséquences sur les usages qui en sont faits. Par exemple, lorsque l’accès à la rivière n’est plus possible suite à l’érosion des berges, des usages comme la pêche de loisir ou la navigation sont compromis. Les prélèvements peuvent aussi être affectés par l'assèchement d’un puits ou la déconnexion d’un ouvrage de prélèvement suite à l’incision d’un cours d’eau (abaissement des niveaux d’eau).
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Des mouvements de terrain
Le phénomène d’érosion se manifeste parfois par des mouvements de terrain. Il peut s’agir de ruptures de blocs de roche, d’effondrements, de coulées de boues, de laves torrentielles ou de glissements de terrain. Ces événements naturels - mais qui peuvent être accentués ou déclenchés par les activités humaines - provoquent une destruction locale et plus ou moins durable des espèces vivantes et des habitats naturels.
Les mouvements de terrain représentent une menace pour les personnes et les infrastructures. En effet, ces événements peuvent être particulièrement dévastateurs et provoquer des dégâts matériels très importants sur leur passage, ainsi que des décès.
Sur le littoral, c’est l’érosion côtière qui menace les zones construites près du rivage. Sur les portions de côtes concernées, le trait de côte recule sous l’influence de la mer. Les habitations et les infrastructures construites à proximité du littoral voient leur intégrité progressivement menacée par le recul du rivage. Les dégâts matériels sont similaires à ceux provoqués par des effondrements. Des pertes humaines peuvent aussi survenir.
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Résidence Le Signal, Soulac-sur-mer, un immeuble condamné par l'érosion
© Patrick Janicek / Flickr - CC BY 2.0
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Maisons inoccupées à cause de l'érosion de la falaise
© Colin / Flickr - CC BY-NC-ND 2.0
Tous les types d’activités sont susceptibles d’être impactés par les mouvements de terrain, d’une part en conséquence des dégâts directs qu’ils produisent, puis dans un second temps s’ils empêchent l’accès aux milieux.
Par exemple, l’accès à certaines parties du littoral est interdit en dépit de leur attrait touristique : le risque de chutes de blocs en pied de falaise est trop important.
Le site Géorisques propose une cartographie de différents aléas en France, ainsi que diverses informations relatives aux risques naturels en France.
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Une dégradation de la qualité de l’eau
L’érosion des sols par les pluies entraîne un afflux de particules dans les milieux lors des épisodes pluvieux. Ces particules de sols, dites « matières en suspension », peuvent impacter la biodiversité des milieux et la qualité de l’eau lorsqu’elles sont présentes en trop grande quantité.
En suspension dans l’eau, elles en diminuent la transparence. Cette opacité limite la pénétration de la lumière, ce qui affecte la photosynthèse des plantes immergées. Les capacités respiratoires des animaux aquatiques sont aussi altérées par un excès de matières fines.
Lorsque le courant diminue, les particules qui se déposent sur le fond provoquent l’envasement de certains secteurs. Cette couche de sédiments fins « étouffe » le lit du cours d’eau - situation qualifiée de colmatage du lit - et dégrade certains habitats ou des zones de reproduction des poissons.
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Colmatage du lit d'un cours d'eau
© Michel Bramard / Office français de la biodiversité
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L'eau de la rivière Créquoise est ici laiteuse et localement brûnâtre et turbide
© Lamiot / Wikimedia - CC BY-SA 4.0
Par ailleurs, divers polluants peuvent se fixer plus ou moins durablement sur les matières en suspension. L’augmentation de la quantité de matières en suspension s’accompagne donc d’une dégradation de la qualité de l’eau en provoquant une augmentation des teneurs en nutriments (en particulier les phosphates), mais aussi en micropolluants - comme les pesticides.
La dégradation de la qualité de l’eau induit des surcoûts de traitement de potabilisation de l’eau lorsque la ressource prélevée est un cours d’eau.
L’augmentation des quantités de matières en suspension peut nuire aux activités qui dépendent directement d’une eau de bonne qualité, comme la pisciculture ou la conchyliculture. Mais plus largement, tous les usages de l’eau peuvent pâtir d’une moindre qualité de l’eau (en savoir plus sur la qualité des cours d’eau).
Les pertes de sols par érosion hydrique
Outre la dégradation de la qualité de l’eau, la perte de sols par érosion hydrique est dommageable aux cultures agricoles. Le renouvellement naturel du sol étant très lent, la perte annuelle de plusieurs tonnes de sols dans une parcelle menace sa productivité, parfois même à court terme.
L’érosion des sols a une deuxième conséquence indirecte : le carbone contenu dans les particules de sol emportées par l’eau peut être transformé en dioxyde de carbone (CO2) et rejeté dans l’atmosphère. L’érosion des sols contribue ainsi à l’émission de gaz à effet de serre (en savoir plus sur l’eau et le changement climatique).
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Érosion de sol, fond de vallée sèche, bassin de la Vonne, Deux-Sèvres
© Michel Bramard / Office français de la biodiversité
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Érosion de sol
© Henri Carmié / Office français de la biodiversité