Étiage de l'Oule à Remuzat, Drôme
© Yvan Falatas / Office français de la biodiversité
Les impacts potentiels des prélèvements d’eau
1
.
L’accentuation des déficits hydriques
Effectuer des prélèvements revient à soustraire de l’eau aux milieux naturels, provoquant potentiellement une diminution des niveaux d’eau. Lorsqu’ils interviennent en période naturelle de basses eaux (généralement en période estivale), voire d’étiage, les prélèvements sont susceptibles d’accélérer le phénomène de déficit hydrique et d’en accentuer l’ampleur. Cet impact est d’autant plus important que les volumes prélevés sont grands et que le prélèvement perdure dans le temps.
En France métropolitaine, en 2022, 20,2 % des observations ont permis d'identifier un assec de cours d'eau. Ces observations sont réalisées visuellement par les agents de l'OFB dans le cadre du suivi usuel du dispositif d'observation des étiages (Onde).
Le site Onde présente les données d’étiage des cours d’eau sur l’ensemble de la métropole. Accédez aux observations visuelles réalisées par les agents départementaux de l'OFB pendant la période estivale sur l’écoulement des cours d’eau.
Le déficit hydrique a des conséquences potentiellement néfastes sur les milieux aquatiques et la biodiversité. Les impacts sont spécifiques à chaque contexte, mais les principales conséquences sur les habitats et le fonctionnement des milieux aquatiques sont : la fragmentation des milieux aquatiques (ou la rupture de la continuité écologique), l’élévation de la température de l’eau, la modification de la qualité physico-chimique de l’eau, la modification de la végétation aquatique et l’assèchement des linéaires (en savoir plus sur les impacts de la sécheresse).
Au-delà des conséquences sur les milieux, les déficits hydriques sont aussi susceptibles d’impacter la santé ou la sécurité des êtres humains. Par exemple, le refroidissement d’une centrale n’est plus possible lorsque le débit de la rivière dans laquelle l’eau est prélevée devient trop faible pour répondre aux besoins de la centrale. Dans ce cas, le fonctionnement de celle-ci doit alors être interrompu pour des raisons de sécurité.
De nombreux usages peuvent par ailleurs être impactés par les déficits hydriques, lorsqu’il devient impossible de satisfaire leurs besoins en eau. Ces situations peuvent provoquer des pertes économiques importantes, par exemple lorsque l’irrigation des cultures doit être interrompue plusieurs semaines.
2
.
L’abaissement des nappes souterraines
En période estivale, dite de basses eaux, les eaux souterraines alimentent les milieux aquatiques en l’absence de pluies et subissent donc un abaissement naturel. Les prélèvements dans les eaux souterraines peuvent accélérer ce tarissement. D’un été à l’autre, les prélèvements sont généralement compensés par le renouvellement naturel des eaux grâce aux pluies de l’automne et de l’hiver : même en cas de déficit hydrique très fort entraînant le tarissement d’une nappe, la période de recharge qui suit permet normalement le retour de l’eau (en savoir plus sur la recharge des nappes souterraines).
Mais dans certains cas la ressource souterraine ne se renouvelle pas, ou trop lentement à l’échelle d’une vie humaine : ce sont les nappes fossiles, qui ne communiquent pas avec les eaux de surface ni avec d’autres nappes. Tout prélèvement dans ces nappes très profondes, et localisées principalement dans les déserts, conduit inexorablement à leur diminution, jusqu’à leur épuisement. Cette situation s’observe surtout dans les pays du Moyen-Orient, mais la France comporte certaines nappes captives dont le renouvellement est très lent, et qui pourraient être affectées par ce phénomène.
Durant la période de recharge en revanche - généralement de l’automne au printemps - les prélèvements n’induisent pas d’abaissement des niveaux d’eau. Ils sont cependant susceptibles de ralentir la recharge des eaux souterraines s’ils sont trop importants, avec pour conséquence des réserves d’eau plus faibles au sortir de l’hiver.
3
.
Une altération de la qualité de l’eau souterraine
Les prélèvements peuvent aussi impacter la qualité de l’eau d’une nappe. Les forages provoquent des modifications de la circulation de l’eau dans l’aquifère, qui peuvent conduire à une contamination de l’eau.
Sur le littoral par exemple, les eaux souterraines étant au contact des eaux de mer, des prélèvements trop importants par rapport au renouvellement de la nappe peuvent entraîner une intrusion saline. Cela signifie que de l’eau salée s’infiltre dans la nappe d’eau douce. Lentement réversible, ce phénomène peut rendre une nappe d’eau inutilisable pendant plusieurs années.
Des intrusions salines sur le littoral
© Office français de la biodiversité / Réalisation Matthieu Nivesse (d'après OIEau), 2018 - LO-OL