Lac d'Annecy
© Gérald Laik / Flickr - CC BY-NC-SA 2.0
La gestion, la protection et la restauration des plans d’eau
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La responsabilité des riverains et des usagers
De par le lent renouvellement des eaux qui le caractérise, la restauration d’un plan d’eau est difficile : la prévention de sa dégradation est donc primordiale. Les riverains et les usagers sont les premiers à pouvoir prévenir sa détérioration. Par l’adoption de pratiques adaptées, ils protègent la qualité de l’eau et permettent un fonctionnement naturel de l’écosystème, essentiel à son bon état écologique.
Ces bonnes pratiques concernent en premier lieu la prévention de toute contamination directe de l’eau, par exemple en prohibant l’utilisation de pesticides à proximité des rives.
Autre exemple, la pratique régulière d’un assec sur certains étangs (vidange suivie d’une période sans eau) assainit les sédiments et limite le phénomène d’eutrophisation.
Étang piscicole en assec
© Flickr - CC BY-NC-ND 2.0
Par ailleurs, une structure naturelle est nécessaire au bon fonctionnement du milieu. Cela implique l’entretien des berges pour maintenir une zone littorale végétalisée, conformément à la réglementation.
Enfin, les introductions d’espèces - notamment de poissons - doivent tenir compte du fonctionnement de l’écosystème, pour ne pas provoquer de déséquilibre important : introduire seulement des espèces natives (pas d’espèces exotiques, susceptibles de devenir envahissantes - en savoir plus sur l’introduction d’espèces), en quantités conformes aux capacités d’accueil du plan d’eau.
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Une gestion cohérente à l’échelle du bassin versant
Plus largement, tous les acteurs du bassin versant - les particuliers comme les professionnels - peuvent contribuer au bon état des plans d’eau. La mise en place d’une gestion durable et cohérente de l’eau et des milieux aquatiques sur ce territoire implique de coordonner l’ensemble des acteurs pour limiter l’impact des activités humaines.
Cette démarche s’appuie d’abord sur un diagnostic de l’état des ressources en eau et des milieux aquatiques, afin d’identifier les impacts qu’ils subissent et fixer des objectifs de qualité à chacun. Les actions prioritaires pour atteindre ces objectifs sont identifiées : elles permettent d’élaborer des programmes de mesures, à mettre en œuvre sur le bassin versant.
En France, cette démarche est réalisée dans le cadre des plans de gestion : les SDAGE (schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux) sur les bassins versants des grands fleuves, et les SAGE (schémas d’aménagement et de gestion des eaux) sur de plus petits bassins versants (en savoir plus sur la gestion intégrée de l’eau).
Les informations et les actualités de la communauté des acteurs de la gestion intégrée de l’eau sont accessibles sur le site Gest’eau. Consultez les informations disponibles sur plus de 180 SAGE.
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Le cadre réglementaire et son application
En complément de cette gestion intégrée à l’échelle du bassin versant, la réglementation édicte des règles visant à protéger les plans d’eau lorsque les bonnes pratiques ne suffisent pas. Une partie de ces règles provient de conventions internationales et de directives européennes, dont la plus importante - la directive-cadre sur l’eau (DCE) - fixe un objectif et un calendrier d’atteinte de bon état des milieux aquatiques. Plusieurs lois françaises et leurs textes d’application y contribuent également : lois sur l’eau (1964, 1992 et 2006), loi sur la pêche (1984), lois issues du Grenelle de l’environnement, etc. Les lacs dont la surface dépasse 1000 hectares sont par ailleurs concernés par les dispositions de la loi sur le littoral. Ces différentes règles sont consignées dans plusieurs codes juridiques, notamment le Code de l’environnement.
Cette réglementation a de nombreux objectifs, parmi lesquels :
- limiter le processus d’eutrophisation des plans d’eau ;
- réduire la contamination des milieux par des produits toxiques ;
- protéger les espèces et la continuité écologique ;
- encadrer l’urbanisation des rives des grands lacs.
Le respect de cette réglementation est contrôlé par les agents de la "police de l'eau" : certains instruisent les demandes d’autorisation et de déclaration et exercent des contrôles administratifs (ils vérifient le respect des prescriptions administratives sur le terrain), et d’autres (parfois les mêmes) mènent des enquêtes de police judiciaire (ils constatent sur le terrain des infractions et en recherchent les auteurs). La police de l'eau est assurée par les services déconcentrés de l'État, en collaboration avec les agents de l'OFB (Office français de la biodiversité) et de la gendarmerie nationale (en savoir plus sur la réglementation).
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Restaurer les plans d’eau dégradés
La généralisation de bonnes pratiques, la mise en place d’une gestion intégrée et l’application de la réglementation ne suffisent pas toujours à préserver le bon état des lacs et des étangs. Il est alors nécessaire de mettre en œuvre d’autres actions.
En cas de pollution soudaine d’un plan d’eau - par déversement d’hydrocarbures par exemple - l’intervention rapide des SDIS (services départementaux d’incendies et de secours) peut permettre de confiner la pollution grâce à la pose de barrages flottants. La récupération et le traitement des produits polluants sont réalisés dans un second temps par des sociétés spécialisées.
Pour lutter contre la pollution durable de l’écosystème ou en ralentir le comblement, les techniques utilisées varient selon l’usage du plan d’eau.
Pour les étangs à vocation piscicole, par exemple, le chaulage (ajout de chaux vives) ou l’élimination des sédiments par curage permettent de contrôler l’eutrophisation du milieu.
Dans les grands lacs, le recours à des techniques plus durables est nécessaire : par exemple la mise en place une zone naturelle filtrant les eaux entrant dans le lac pour en améliorer la qualité, ou la recréation d’une zone littorale accueillante pour la faune et la flore.