La Logne en Corrèze
Le lit est quasiment à sec, en période de sécheresse prolongée.
© Père igor / Wikimedia - CC BY-SA 4.0
L'assèchement estival des cours d'eau de métropole (2012-2021)
Pour mieux comprendre et anticiper ce phénomène, un Observatoire national des étiages (Onde) a été mis en place en 2012. Cette dataviz dresse un bilan des 10 premières années d'observation, et s'ajoute à la collection créée par l'Office français de la biodiversité.
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Les étiages estivaux, un enjeu de société et de biodiversité
Au cours de l’été, de nombreux petits cours d’eau de France métropolitaine voient leur débit baisser. La hauteur d'eau diminue, la température de l'eau augmente, sa qualité se dégrade et la vie qu'elle abrite est modifiée. L'écoulement du cours d'eau peut même être interrompu.
Étiage : débit exceptionnellement faible d'un cours d'eau.
Assec : cas le plus extrême de l’étiage, il n’y a plus d’eau qui s’écoule, le lit de la rivière est asséché.
Les étiages, d’origine naturelle, sont souvent amplifiés par les activités humaines, telles que l’irrigation ou l’alimentation en eau potable. La surveillance et la compréhension de ces étiages sont aujourd’hui un enjeu fort pour les pouvoirs publics, afin de mieux réguler les usages de l’eau en période sèche et limiter les impacts sur la faune et la flore aquatiques.
Des impacts sur les milieux, les activités humaines et la biodiversité
Plus un cours d'eau est en étiage intense et long, moins il est en mesure de remplir les fonctions d’épuration naturelle de l'eau, de recharge des nappes phréatiques et d'approvisionnement en eau douce (pour l'eau potable, l'énergie, l'agriculture, l'industrie, la pêche, les sports nautiques, etc.).
L'impact du manque d'eau sur les milieux aquatiques dépend de la durée, de l'intensité et de la fréquence des étiages affectant le cours d'eau. Du point de vue de la biodiversité, des étiages graves et répétés d'un cours d'eau peuvent impacter la végétation aquatique et perturber les fonctions naturelles pour la faune aquatique : habitat, alimentation, reproduction (ainsi, les zones de frai des poissons peuvent être dégradées ou devenir inaccessibles). L'assèchement d'un cours d'eau peut entraîner la mort des espèces aquatiques peu mobiles, par exemple les alevins de poissons ou certains batraciens, mais aussi une disparition d'espèces autochtones au profit d’espèces envahissantes plus résistantes.
Des observations pour comprendre et agir Afin de caractériser les étiages affectant les petits cours d’eau en été (intensité, durée...) et anticiper les situations de crise, un réseau d’observations visuelles a été mis en place depuis 2012 sur tous les départements métropolitains : il s'agit de l’Observatoire national des étiages.
Le suivi peut être fait toute l’année, si une sécheresse est précoce par exemple, mais les suivis « usuels » sont faits mensuellement de mai à septembre. Lors d’une observation, 3 modalités sont possibles :
- écoulement visible : de l’eau s’écoule et de façon continue,
- écoulement non visible : de l’eau est présente, par exemple sous forme de flaques, mais aucun courant n’est visible,
- assec : l’eau est absente, évaporée ou infiltrée.
De plus en plus de rivières asséchées entre 2012 et 2021
Le graphique permet d'observer les disparités spatiales et temporelles des sécheresses estivales, basées sur les cours d’eau affectés par des écoulements non visibles et par des assecs, sur une période de 10 ans.
À noter : cette durée est néanmoins trop courte pour dégager des tendances hydrologiques statistiquement robustes.
D’un point de vue hydrographique, la France métropolitaine est découpée en 6 régions basées sur les grands fleuves français : les bassins versants hydrographiques . Bien que les 2 bassins du sud de la France, Adour-Garonne et Rhône-Méditerranée-Corse, apparaissent comme les plus touchés, toute la France est affectée par l’assèchement estival des petits cours d’eau.
Sur la période 2012-2021, le taux cumulé d'observations en écoulement non visible et en assec est globalement en hausse.
Les années les plus impactées correspondent à la période 2017-2020, ainsi que l’année 2012 pour le sud de la France.
Le taux d’observation des rivières en écoulement non visible ou en assec a été le plus fort en 2019 sur 4 bassins, mais le taux le plus élevé rencontré sur la décennie était dans le bassin Rhin-Meuse en 2020 (28,9 %, soit plus d’une observation sur 4), tandis que le taux maximum du bassin Rhône-Méditerranée-Corse a eu lieu en 2017.
Des informations apparaissent au survol du graphique. Un clic sur une des 3 typologies dans la légende permet de masquer ou afficher cet élément du graphique. Au double-clic seul cet élément s'affiche. L'écoulement visible est décoché par défaut.
De plus en plus d'assecs, répartis différemment selon les années
Cette carte de France à l’échelle départementale offre une lecture plus précise des inégalités géographiques sur cette période de 10 années (2012-2021). Selon les années, ce ne sont pas les mêmes régions françaises qui sont touchées par les sécheresses estivales.
- Durant les années les plus sèches (2012, 2017-2020) le pourtour méditerranéen, les pays de la Loire, le Centre et la Bourgogne comptent la plus grande part de cours d’eau en assec.
- Durant les années moins affectées, d’autres secteurs peuvent être touchés, tels que le Morbihan en 2013, la Creuse en 2015, l’ouest du pays en 2016 (Loire-Atlantique/Vendée), la moitié nord en 2018 (excepté le littoral de la Manche), ou encore le pourtour méditerranéen en 2021
Quelques départements sont épargnés par les sécheresses estivales, du fait notamment de leur climat, de leur topographie et des caractéristiques de leurs cours d’eau : Finistère, Manche, Landes, Haute-Vienne, Haute-Savoie.
À l’opposé, dans certains départements parmi les plus touchés, plus de 70 % des sites suivis ont fait l'objet d'au moins un assec sur cette période : Vaucluse, Drôme, Vendée, Creuse, Nièvre.
À l’échelle de la France, il y a de plus en plus d’assecs par an sur cette période à l'exception de 2021.
Les années peuvent être sélectionnées directement en utilisant le curseur. Au clic sur le bouton "Faire défiler" les années s'enchaînent en série.
Des fins d'été de plus en plus sèches
En regardant de plus près la période de l’année concernée par le suivi usuel des étiages, c’est-à-dire de mai à septembre, le pourcentage de sites en assec est de plus en plus élevé au fil des mois. Ce taux ne dépasse jamais 10 % en mai, atteint à plusieurs reprises 20 % en juillet, c’est majoritairement août qui compte le plus d’assecs. Selon les années, il arrive que le nombre d’assecs soit plus élevé en septembre.
C’est donc en fin d’été que les cours d’eau subissent le plus le manque d'eau. Cette tendance s'accentue sur la période étudiée, excepté en 2021.
Au survol, sont précisés pour chaque mois : le nombre de stations en assec et le nombre total de stations, ainsi que la part des observation en assec par bassin.
Des assecs se suivant d'un mois sur l'autre
Ce graphique permet de visualiser simultanément le nombre de stations d’observation en assec et le nombre de mois successifs d'observation en assec pour la période de mai à septembre de chaque année (entre ces observations successives, le cours d’eau peut toutefois revenir en eau). Il confirme la hausse quasi-continue du nombre de stations en assec entre 2013-2014 et 2019-2020.
Les années les plus touchées par la sécheresse sont facilement identifiables : 2017 à 2020, ainsi que 2012 dans le sud de la France.
Globalement, les 3 premières années connaissent des assecs ponctuels, avec maximum 2 mois consécutifs pour la majorité des sites. À partir de 2015, de plus en plus de stations sont touchées par des assecs observés au moins 2 mois de suite. Entre 2017 et 2020, un nombre important de stations subissent des assecs 3 mois de suite et plus. Par comparaison de 2 années particulièrement sèches (2017 et 2019), il apparaît que :
- Les sites en assecs consécutifs de longue durée (3 et 4 mois) sont plus nombreux en 2017 qu'en 2019 pour la plupart des bassins versants,
- Tandis qu'en 2019 davantage de sites sont touchés par au moins un assec.
Ainsi, en Seine-Normandie, 51 stations ont été affectées par des assecs observés au moins 2 mois de suite en 2017 (sur 107), contre 34 en 2019 (sur 161). La sécheresse de 2017 semble donc avoir été plus longue que celle de 2019 bien que plus localisée (moins de stations en assec).
Des informations apparaissent au survol du graphique. Un clic sur une des 4 typologies dans la légende permet de masquer ou afficher cet élément du graphique.Au double-clic, seul cet élément s'affiche. À noter : cette figure est basée sur les suivis usuels mensuels, il est donc impossible de parler de "durée" d'assec. Les sites n’étant jamais en assec ne sont pas représentés.
Des sites rarement en assec une seule année
Sur les 3235 stations suivies :
- Près de la moitié ont été affectées par au moins un assec durant la période 2012-2021 (47%),
- Pour plus d'un tiers d'entre elles (34 %), cette situation s'est répétée au moins 2 années sur la période,
- 1 station sur 5 a été en assec au moins 5 années sur les 10 années de la période,
- 110 stations l’ont été tous les ans, soit 3 %, principalement en Rhône-Méditerranée-Corse.
Des informations apparaissent au survol et le clic permet de zoomer pour visualiser les proportions, soit sur : - la situation d'un nombre d'assecs donné (clic sur titre du bloc en gras), - un bassin dans l'une des situations (case concernée).
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Méthode utilisée
Piloté par l’Office français de la biodiversité (OFB), l’Observatoire national des étiages (Onde) est un dispositif permettant de surveiller et comprendre l’assèchement des petits cours d’eau en été. Ce réseau d’observations visuelles sur le terrain compte :
- 3235 points
- répartis sur 94 départements de métropole,
- soit environ 30 par département.
Il existe 2 types de suivi (usuel et complémentaire) mais seules les données du suivi usuel ont été exploitées dans cette étude.
Créé en 2012, il répond à un double objectif :
- Aider à la gestion des situations de sécheresse : en période de crise, les observations sont transmises aux autorités départementales qui peuvent décider des restrictions d’usages de l’eau (arrosage des jardins, lavage de voiture, remplissage des piscines, irrigation agricole etc.),
- Disposer de connaissances stables sur les étiages estivaux, afin de les prévoir et de mieux comprendre les relations entre rivières et nappes d’eau souterraine.
Il s’inscrit dans le système d’information sur l’eau - SIE - et ses données sont consultables sur un portail dédié.