L’alimentation en eau potable

L’alimentation en eau potable

Eau potable et assainissement
Eau potable
Du point de prélèvement jusqu’au robinet de l’abonné, le service d’eau potable comporte trois grandes étapes : le captage, la potabilisation et la distribution d’une eau potable conforme aux normes de qualité fixées pour protéger la santé humaine. La surveillance réalisée montre que l’eau potable distribuée est de bonne qualité.

Les captages d’eau, des ouvrages à protéger

Les ouvrages qui permettent de prélever l’eau dans les milieux naturels sont appelés des captages, qu’il s’agisse d’une prise d’eau (le pompage en rivière par exemple) ou d’un forage dans les eaux souterraines. Les captages destinés à la production d’eau potable sont d’accès restreint, pour les protéger de toute contamination accidentelle ou intentionnelle.

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Une eau sans risque pour la santé

Une eau est dite potable lorsqu’elle peut être consommée sans porter atteinte à la santé de celui qui la consomme, à court ou long terme. Pour cela, elle doit respecter plusieurs critères, qui reposent sur l’évaluation de paramètres micro-biologiques, chimiques et physico-chimiques - notamment les teneurs maximales en substances polluantes.
Les critères couvrent aussi des caractéristiques liées au goût et à la couleur de l’eau, appelés paramètres « organoleptiques ».
Le Code de la santé publique impose que l’eau demeure potable jusqu’au robinet de l’usager. Les normes qu’il relaie sont issues de la Directive européenne 202/2184 dite directive « eau potable ».

Eau du robinet et eau en bouteille : quelles différences ?

Les eaux commercialisées en bouteille peuvent être soit des eaux destinées à la consommation humaine, soit des eaux minérales naturelles (EMN).
Les premières doivent respecter les mêmes normes que l’eau potable, à la différence que les traitements autorisés pour y parvenir sont plus restreints (pas de désinfection par exemple) : la ressource utilisée doit donc respecter naturellement certaines normes. Elles doivent obligatoirement provenir d’une source souterraine.

Les EMN doivent présenter une efficacité thérapeutique reconnue par l’Académie nationale de Médecine pour recevoir cette appellation. Comme les précédentes, elle ne peuvent pas subir de désinfection. Elles ne sont pas soumises aux mêmes normes de potabilité, en particulier parce qu’elles peuvent contenir une quantité de minéraux supérieure à ces normes (bicarbonates, sulfates, etc.).

Le goût des eaux, Méli Mélo, 2015 (2:51)

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Une eau prélevée dans le milieu naturel

Avant d’être potabilisée, l’eau est prélevée dans le milieu naturel, depuis des ressources de surface (une rivière, un fleuve, un lac naturel, une retenue artificielle d’eau, etc.) ou souterraines (les nappes phréatiques en particulier). En France, deux tiers des volumes d’eau prélevés pour l’alimentation en eau potable proviennent des eaux souterraines (d’après OFB, 2019).

Captage d'eau potable

Captage d'eau potable

L’eau prélevée est appelée « eau brute », et n’est le plus souvent pas naturellement potable : elle peut contenir des parasites pathogènes, des substances métalliques provenant des sols, etc. De plus, elle peut être polluée par des micro-organismes et des substances toxiques provenant des activités sur le bassin versant. La potabilisation de l’eau est donc indispensable avant sa distribution au robinet. Mais elle implique des coûts de construction et d’exploitation d’infrastructures - d’autant plus élevés que la qualité de l’eau brute est médiocre - qui se répercutent sur la facture d’eau des usagers.

Méli Mélo De source sûre !, GRAIE, 2015 (2:50)

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Une eau traitée pour devenir potable

Après son prélèvement, l’eau brute est acheminée jusqu’à une usine de potabilisation par un réseau de canalisations. Le traitement de l’eau vise en premier lieu à retenir les particules et matières en suspension dans l’eau : graviers, sables, poussières, etc. C’est l’objet de la clarification, réalisée par des procédés physiques - la filtration et la décantation - et physico-chimiques (l’ajout de réactifs permettant de coaguler certaines substances dissoutes afin qu’elles sédimentent).

La deuxième étape consiste en la désinfection de l’eau, afin d’éliminer tous les germes pathogènes, qu’il s’agisse de bactéries ou de virus. Pour cela, les usines de potabilisation ont recours à des procédés chimiques - l’ajout de substances bactéricides (le peroxyde ou l’ozone, par exemple) - ou  physiques - l’utilisation de rayonnements ultraviolets. L’ajout de chlore en fin de traitement permet de garantir la potabilité de l’eau jusqu’au robinet.

Des traitements complémentaires à la clarification et la désinfection sont mis en oeuvre si l’eau contient des substances polluantes. Par exemple, la filtration sur charbons actifs permet de retenir les polluants dissous dans l’eau (pesticides, hydrocarbures, etc.). Si la concentration en nitrates de l’eau brute est supérieure aux normes de qualité, une filtration complémentaire est mise en oeuvre afin de les éliminer. Enfin, des ajustements physico-chimiques peuvent être nécessaires, notamment des corrections de l’acidité de l’eau pour éviter que celle-ci ne corrode les canalisations qui la transportent.

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Une eau potable distribuée

Après sa potabilisation, l’eau est envoyée par des pompes dans un réseau de canalisations qui la conduisent jusqu’aux infrastructures de stockage (châteaux d’eau et autres réservoirs).
Les volumes qu’ils peuvent stocker représentent plusieurs heures de consommation, ce qui permet de s’adapter aux pics d’utilisation d’eau potable, lorsque la demande est supérieure à la capacité de production des usines (en soirée par exemple).

Positionnés en hauteur, les châteaux d’eau et les réservoirs maintiennent également le réseau de distribution sous pression : la gravité assure un débit suffisant au robinet, synonyme d’eau courante.

En 2017, en France, le réseau de distribution d'eau potable est évalué à 875 000 kilomètres de conduites. 

Toutefois, cette étape de transport génère des pertes d’eau. En métropole, environ un million de kilomètres de canalisations relie les lieux de production d’eau potable, les points de stockage et les usagers. Le vieillissement de ces réseaux conduit à l’apparition de fuites. L’eau potable retourne alors au milieu naturel et a été potabilisée « pour rien ».
Le rendement des réseaux - c’est-à-dire la quantité d’eau potable produite et effectivement distribuée - est estimé à 80%. C’est donc 20% de l’eau potable qui est perdue au cours de sa distribution.

En 2019, en France, le rendement moyen du réseau de distribution d'eau potable est d'environ 80,4 % : pour 5 litres mis en distribution, 1 litre d'eau revient au milieu naturel sans passer par le consommateur.

Les pertes par fuites représentent ainsi près d’un milliard de mètres cubes. Elles sont souvent dues à la vétusté des canalisations ou à une pression trop élevée, mais aussi aux mouvements des sols.
L’atteinte d’un taux de 100 % est irréaliste, mais de nombreuses collectivités peuvent viser un objectif de 80 à 90 %.

Carte du rendement moyen du réseau de distribution des services d'eau potable en 2022
Services Observatoire national des services d’eau et d’assainissement

Le système d’information des services publics d’eau et d’assainissement (SISPEA), recense et diffuse les données publiques sur l’organisation, la gestion, la tarification et la performance des services publics d’eau et d’assainissement.

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Une bonne qualité de l’eau distribuée au robinet

L’eau potable est l’un des produits alimentaires les plus surveillés. Le producteur d’eau potable se doit d’effectuer une surveillance continue pour s’assurer du bon fonctionnement de ses installations et éviter la distribution accidentelle d’eau non potable. En complément de cet autocontrôle, une surveillance indépendante est réalisée par les Agences régionales de santé (ARS), à toutes les étapes du service d’eau potable. Ce contrôle sanitaire donne lieu chaque année à la réalisation de près de 320 000 prélèvements d'eau et de plus de 18,5 millions d'analyses (d’après le Ministère en charge de la santé, 2023).

Si un dépassement de seuil est identifié, le producteur d’eau potable doit prévenir le préfet. Celui-ci décide alors, avec les maires des communes concernées, des mesures à prendre pour protéger la santé des consommateurs. Il peut s’agir d’une simple information du public si le dépassement est modéré et limité dans le temps et qu’il ne représente pas de danger pour les consommateurs. Dans les cas les plus graves, des mesures de restriction ou d'interdiction peuvent s'appliquer sur la distribution. Mais l’eau potable distribuée en France est très globalement conforme aux normes.

Carte Conformité de l'eau en microbiologie par département

 Conformité de l'eau en microbiologie par département

Carte Conformité de l'eau en physico-chimie par département

Conformité de l'eau en physico-chimie par département

Une synthèse de la qualité de l’eau distribuée jointe à la facture d’eau

Pour informer les abonnés du service d’eau potable de la qualité de l’eau qui leur a été distribuée lors de l’année facturée, une synthèse annuelle de la qualité de l’eau distribuée est jointe à la facture d’eau. Elle présente les caractéristiques de l’eau qui a été distribuée au robinet au cours de l’année facturée : origine, protection, qualité, conformité aux normes, etc. Elle n’est pas élaborée par le distributeur d’eau mais par l’Agence régionale de santé (ARS), qui assure une surveillance indépendante.

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S’assurer des ressources durables

Pour assurer une alimentation en eau potable durable, il est primordial de préserver la qualité et les volumes de ressources en eau. D’une part, la détérioration de la qualité de l’eau induit des surcoûts de potabilisation et peut, si elle est trop forte, provoquer l’abandon d’une ressource. D’autre part, un manque d’eau lié à l’épuisement d’une nappe souterraine ou à l’assèchement d’un cours d’eau peut rendre impossible la production d’eau potable. Les communes affectées doivent alors être alimentées d’une autre manière, parfois par camion-citerne, procédé extrêmement coûteux.

Pour préserver la qualité de l’eau, des actions sont mises en œuvre pour limiter la pollution des ressources, tant à proximité du point de captage d’eau qu’au niveau des bassins versants. Dans le cadre spécifique des risques d’attentat, la protection des eaux de consommation fait par ailleurs l’objet de mesures renforcées lorsqu’une menace particulière est identifiée (d’après SGDSN, 2016).

La préservation des quantités d’eau passe avant tout par une bonne gestion des prélèvements dans les milieux et les eaux souterraines (en savoir plus sur les prélèvements), notamment en cas de sécheresse. D’autres leviers d’actions peuvent être mobilisés, comme la lutte contre l’artificialisation des sols et des milieux (en savoir plus sur l’artificialisation).

Plus globalement, la préservation des ressources en eau nécessite de coordonner l’ensemble des usages de l’eau et des milieux aquatiques à l’échelle des bassins versants (en savoir plus sur la gestion durable de l’eau). En effet, les activités de l’amont sont susceptibles d’influencer la qualité de l’eau loin en aval.

Eau potable Résultats du contrôle sanitaire de la qualité de l’eau potable en ligne, commune par commune

Accédez directement aux résultats du contrôle sanitaire de l’eau potable réalisé par les Agences régionales de santé, ainsi qu’à des informations plus spécifiques sur certains paramètres.